Figures du fou, Du Moyen Age aux Romantiques
Catalogue d’exposition, du 16 octobre 2024 au 3 février 2025
sous la direction de Elisabeth Antoine-König et Pierre-Yves Le Pogam
p319 Gustave Courbet, La Voyante ou La Somnambule, musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon
p 327 Gustave Courbet, Le Fou de peur, The national museum, Oslo
« Infini est le nombre des fous » Ecclésiaste, chapitre I, 15 Au commencement était « l’insensé », pauvre fou dépourvu de sagesse qui se détourne de Dieu. Relégué dans les marges, il sort de la sphère religieuse au cours du Moyen Âge pour s’épanouir dans le monde profane et devenir tour à tour celui qui divertit, met en garde, dénonce, inverse les valeurs, voire renverse l’ordre établi. Reconnaissable à ses attributs emblématiques – capuchon à oreilles d’âne ou à crête de coq, grelots, clochettes, marotte, costume bariolé -, cette figure évolue au fil des siècles et s’incarne en de multiples avatars : fous de cour, fous d’amour ou bouffons envahissent alors tout l’espace artistique occidental. Du Moyen Âge à la Renaissance et jusqu’à l’époque moderne, un parcours exceptionnel dans l’art de l’Europe du Nord réunit ici près de 350 oeuvres aussi diverses que les personnages qu’elles mettent en scène : manuscrits enluminés, livres imprimés, gravures, tapisseries, sculptures, objets précieux ou du quotidien et peintures d’illustres artistes, tels que Bosch, Bruegel, Géricault, Courbet… Sous le regard expert des plus grands spécialistes, cet ouvrage nous invite à réfléchir à ce que la norme conserve comme à ce qu’elle rejette. Il propose de reconsidérer quelques articulations majeures de l’histoire et de l’histoire de l’art, à l’aune de cette figure qui cristallise les inquiétudes et les passions. Une plongée dans un monde de folie qui nous renvoie à nous-mêmes et à notre rapport à l’Autre.