Gustave Courbet
Ingres, Delacroix, Courbet. L’idéalisme, le romantisme, le réalisme. Tout est un peu trop bien mis en place dans l’histoire de la peinture du XIXe siècle jusqu’à l’impressionnisme. Courbet, personnalité et tempérament exceptionnels, bouscule et continue de bousculer toutes les certitudes.
Avec lui le mythe de l’artiste, frondeur, disant leur fait aux puissants et pardessus tout indépendant, connaît une nouvelle incarnation. Il faut essayer de le revoir avec l’œil de ses contemporains pour retrouver cette fraîcheur de vision qui refuse l’indifférence et explique les passions.
Détestée ou admirée, la peinture de Courbet crée l’événement, ne permet pas l’abstention. Le peintre du laid et de l’ignoble, le républicain bafouant les stupres du Second Empire, le socialiste glorifiant la peine du travailleur, le déboulonneur de la colonne Vendôme est aussi un peintre de nus superbes et érotiques, de scènes de chasse où éclate son amour de la vie animale, de paysages qui sont autant de plongées dans le sein de la nature, aux origines mêmes du monde et de la vie. Courbet est assurément un des peintres les plus lyriques du XIXe siècle.
Avec Courbet, et malgré les apparences, rien n’est simple. Un tableau comme L’Atelier n’a pas fini de poser des problèmes de lecture et d’interprétation qui laissent à penser que la culture du peintre, ses ambitions intellectuelles étaient plus subtiles et riches qu’on ne l’en créditait. Naïf et savant, engagé et libre, Courbet se définit dans ses contradictions mêmes.