Gustave Courbet et la photographie
La photographie s’est immiscée dans tous les aspects de la vie de Gustave Courbet, comme dans celle de la plupart de ses contemporains artistes : dans sa vie privée – les fréquents envois à sa famille de ses portraits photographiques et des reproductions de ses oeuvres, à ses amis et à ses nombreuses relations sentimentales ; le très significatif envoi d’un stéréoscope et de soixante photographies à ses soeurs -, dans sa vie publique – rare-ment, jusqu’ici, un artiste n’avait été à ce point livré au public et à l’opinion par l’intermédiaire, entre autre, de la photographie -, et dans sa vie artistique – les usages, avérés dans quelques cas significatifs, ou très souvent supposés, de photographies comme sources d’inspiration pour ses tableaux. Courbet fut, comme Delacroix, un des artistes importants ayant eu avec la photographie un rapport fort et original.
Certes, si, à cette époque, se faire photographier, entre-tenir des relations avec des photographes, fussent-ils renommés, ou utiliser des photographies pour réaliser des tableaux n’étaient pas des attitudes nouvelles, la réitération, durant toute une vie d’artiste, de ces pratiques – soumises elles-mêmes à de multiples variations – et le discours parfois explicite tenu sur la photographie par l’un des principaux maîtres du réalisme pictural méritaient, à l’évidence, d’être étudiés. Les nombreux faits, parfois inédits, mentionnés dans le présent essai, sont autant de » petites » histoires vécues par Courbet avec la photographie.
Si ces faits, importants ou anodins, ne permettent pas de tirer de nouvelles et importantes conclusions du point de vue de l’histoire du médium photographique, ils en illustrent admirable-ment des aspects déjà connus, et leur étude constitue, du point de vue de la connaissance de Courbet et de son oeuvre, un véritable sujet.