L’atelier de Courbet
lieu de travail, comme laboratoire de la création et comme lieu de réception de l’œuvre, cet ouvrage analyse comment Courbet a défini un territoire nouveau pour l’artiste moderne. Avec lui l’exploitation de l’image que l‘artiste se fait de lui-même, son engagement politique, le mode de production se trouvent transformés du tout au tout. Cet être au nombrilisme gigantesque fut toutefois le créateur d’un art silencieux, souligne Jorge Coli. Le poids des choses, des femmes, des rochers et des falaises, ainsi que le lourd enracinement des arbres, tout cela Courbet merveille nous en restitue à merveille la sensation. Cette lourdeur permet la solidarité physique et dense entre les êtres, garant d’une stabilité faite de masses en repos. L’art de Courbet n’est pas séduisant, observe Coli : sa palette est souvent sévère, terreuse, ce qui, joint à ses sujets puisés dans la vie quotidienne, lui vaudra l’épithète souvent négative de « réaliste ». Il ordonne avec calme, évite les effets convenus des formes géométriques qui structurent l’image. Il ignore la commotion sentimentale, grande ou petite, ainsi que l’éloquence héroïque. Mais il a le secret de la matière; et avec la matière de sa peinture, épaisse, souvent traitée au couteau, à la brosse, il bâtit un monde dont la vérité n’a rien d’un reflet illusionniste.