Bibliothèque de l’Institut Gustave Courbet
Deux références en langue anglaise viennent enrichir le fonds de Bibliothèque de l'Institut Gustave Courbet.
Deux références en langue anglaise viennent enrichir le fonds de Bibliothèque de l'Institut Gustave Courbet.
Exilé à La Tour-de-Peilz entre 1873 et sa mort en 1877, Gustave Courbet a entretenu des liens réguliers avec le canton de Fribourg. En racontant ses allées et venues souvent polémiques dans les cercles radicaux des villes et des campagnes et en reconstituant son réseau de relations locales comme l’historien Alexandre Daguet ou la sculptrice Marcello, cet ouvrage révèle un visage méconnu du « déboulonneur ». Il relate aussi un moment charnière de l’histoire fribourgeoise, entre industrialisation, éveil touristique et Kulturkampf, tout en suivant la réception du peintre en Suisse, des féroces querelles partisanes par journaux interposés à l’édification d’une légende plus consensuelle.
L'auteur : Jean Rime est chargé de cours à l'Université de Fribourg (Suisse) et chargé d'édition de la collection « Savoir suisse » (Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne).
Nous avons le plaisir de partager avec vous un bel article évoquant la vie de Gustave Courbet en exil à La Tour-de-Peilz publié dans le journal 24 heures à la fin du mois d'août 2023.
D'importants travaux de recherches engagés par l'historienne de l'art Chantal Humbert dans le cadre du bulletin n°124 (21 x 15 cm, 104 pages) "Dans l'intimité des Jolicler, amis de Courbet" nous font mieux comprendre l'amitié qui liait la famille Jolicler à la famille Courbet.
La découverte du roman "La route sans compagnon" basé sur des faits et des personnages réels nous éclairent sur le départ de Courbet pour la Suisse.
Extraits :
" Je sais que Gabriel (Gustave Courbet) est franchement révolutionnaire et si mon père et Lejay, Oswald et moi sommes des républicains convaincus, là encore il y aurait sujet à controverse. Père n’admire que Gambetta. Lejay prétend qu’il a prolongé la guerre et sa sympathie va à «l’homme du toupet», Thiers…. Auguste de Sault est silencieux; la défaite l’a écrasé, humilié en tant qu’officier de carrière. Gabriel (Gustave Courbet) en se lançant dans une
tirade s’arrête au milieu, se ravise et ne dit plus rien. Jamais cette tolérance, ce respect des sentiments d’autrui ne s’étaient manifestés parmi nous où chacun par tempérament défend avec ardeur son point de vue et l’homme de son choix. Mère m’a dit en haussant les épaules :
«Que veux-tu, je suis en dehors de tout cela, je suis royaliste.»
… Cependant notre paix fut de courte durée. Lejay nous arriva un soir à bride abattue, son cheval couvert d’écume nous prouvait l’urgence de ce qu’il avait à nous apprendre.
Gabriel (Gustave Courbet) était poursuivi, on était venu le chercher chez Lejay, on chercherait ailleurs, chez nous Grande Rue, et ici ensuite. Il fallait qu’il parte. On parlait de confisquer ses biens.
«C’était à prévoir» soupira mon beau-père. «Il est allé trop loin, comme nous le lui avions prédit» ce fut le seul commentaire, la seule critique d’Henri du Thillet pour son adversaire de toujours. «Il ne faut pas perdre de temps» dit mon père avec autorité.
L’enfant terrible haussait les épaules.
«Oswald (Charles Jolicler) et moi allons te conduire à la frontière suisse».
«J’irai seul, je ne tiens pas à vous compromettre.»
Père hocha la tête avec un peu de pitié:
«Crois-tu par hasard connaître les sentiers de montagne aussi bien que nous?» Il montra du doigt le flanc boisé qui bordait notre horizon.
«Ce versant nous appartient depuis trois générations, nous l’avons parcouru dans tous les sens jusqu’à la moindre de ses sentes. Nous te conduirons en une petite heure, mais toi, si tu te perds, tu tomberas sur les douaniers et ce sera joli.»
«Faisons vite» ajouta Oswald (Charles Jolicler) avec calme, ayant déjà pris sa pèlerine, dans le vestibule, et l’agrafant au col: il choisit une canne dans le porte-parapluie et se dirigea vers la porte.
Ma mère était montée au premier étage et avait mis dans la valise de Gabriel les objets nécessaires sans même attendre les dernières paroles de Père.
J’allais rapidement dans ma chambre, ouvrir mon secrétaire, y pris un rouleau de pièces d’argent. Je le glissai dans la poche du vêtement de Gabriel (Gustave Courbet). La plupart étaient des pièces de monnaie suisses dont j’avais toujours fait provision pour nos excursions au-delà de la proche frontière.
«Quelle rapidité!» s’exclama notre ami «vous êtes pressés de vous débarrasser de moi».
«Tu sais bien que non» dit Alban (Abbé Marcel Chenoz) d’un ton de reproche.
«Je plaisante, je plaisante, je vous connais bien tous allez!» Gabriel (Gustave Courbet) prie ma main et celle d’Oswald (Charles Jolicler) dans les siennes, les serra… Comme il passait le seuil, Alban leva la main, hésita, ils se regardèrent un instant, puis Gabriel (Gustave Courbet) avec une douceur inaccoutumée murmura: «Va petit! pour une fois tu peux me bénir.» Alban, gravement, termina le geste commencé; Ils partirent tous trois, Père, Oswald et le pauvre exilé d’un pas ferme sans se retourner."
Le bulletin n°124 est toujours disponible à la vente à l'Institut Courbet et par correspondance.
Il est offert à chaque adhérent.
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