De l’Origine du monde, un CD hommage à Courbet par Tony Hymas
Décrit un jour comme « aussi difficile à attraper qu’un oiseau sur une branche », le compositeur et pianiste Tony Hymas, « ce Brahms moderne », comme le surnomme volontiers le clarinettiste Alan Hacker, fait voler en éclats tout danger d’ancrage un tant soit peu académique.
S’il compose déjà des œuvres orchestrales pendant son adolescence, étudiant à la Royal Academy of Music, cet Anglais farouche s’encanaille grâce à Henry Lowther qui l’invite à participer à un groupe de jazz avec le sud-africain Harry Miller. Devenu musicien de studio, il se fait remarquer par ses indisciplines. Il participe à l’ensembleMatrixsous la direction d’Alan Hacker. C’est là qu’il rencontre la soprano Jane Manning dont il devient l’accompagnateur attitré.
Découvert par la scène contemporaine avec Matrix, Tony Hymas fait plus que flirter avec la rock music puisque, après avoir accompagné Frank Sinatrapuis Cleo Laine, il rejoint le groupe de Jack Bruce. Il fonde ensuite avec Simon Philips et Jim Diamond le groupe P.H.D. et compose le tube international « I Won’t Let You Down », numéro 1 dans de nombreux pays. Plusieurs pièces orchestrales, un concerto pour tuba, un quatuor à cordes, une pièce pour percussions ainsi qu’une symphonie enregistrée par le London Symphony Orchestra et dirigée par lui-même ont largement contribué à le placer au tout premier plan des compositeurs actuels. En 2010, il enregistre sa suiteDe l’origine du monde, dédiée à Gustave Courbet.
Il s’est intéressé au tableau comme à un élément fondateur de la perception artistique des temps à venir. Le propos musical avec l’apport de citations de Courbet, dites par les comédiennes Nathalie Richard et Violeta Ferrer, d’un texte de Baudelaire chanté par Monica Brett Crowther (soprano créatrice de pièces de Nigel Osborne, familière de l’Opéra National du Rhin, du Scottish Opera ou de l’ Opéra de Lausanne), d’une chanson originale écrite par Christian Tarting interprétée par Marie Thollot (remarquée dans Tenga Niña de Jacques Thollot) et d’extraits de chants de La Commune mis en perspectives, rapproche la singularité de l’œuvre de l’origine d’un autre monde, celui de la Commune de Paris, tel que l’ont pensé ses acteurs en une suite de 11 pièces.
Un livret de 112 pages accompagne le disque. Comme le disque, le livret est une suite d’impressions, de variations, d’interprétations, de questionnements, mais cette fois collective autour de l’œuvre du Maître Peintre d’Ornans et ces ouvertures. Aux côtés du texte de Manuel Jover (auteur de deux ouvrages sur Courbet), de photographies de la Commune et bien sûr du fameux tableau désormais exposé au Musée d’Orsay, on trouve les séquences et nouvelles dessinées de Benjamin Bouchet, Daniel Cacouault, Luce Carnelli, Stéphane Courvoisier, Chloé Cruchaudet, Nathalie Ferlut, Sylvie Fontaine, Simon Goinard Phelipot, Stéphane Levallois, Jeanne Puchol, Rocco, Marianne Trintzius, Eloi Valat, Zou.
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