Gustave Courbet et la Fédération des artistes sous la Commune /
du 23 décembre 2017 au 23 avril 2018 au Musée Courbet.
Le musée Courbet propose jusqu’au 23 avril une exposition-dossier sur l’implication des artistes durant la Commune de Paris. Elle évoque en particulier la Fédération des artistes dont Gustave Courbet fut le président.
Pour le peintre, les Beaux-Arts sont une composante importante de l’Etat mais leur organisation ne peut dépendre que des artistes eux-mêmes, regroupés au sein d’une fédération. Ainsi, l’organisation du Salon annuel, l’administration des musées, l’enseignement de l’art et les commandes publiques sont repensés.
Présentation de l’exposition
Le nom de Gustave Courbet évoque autant les grandes luttes politiques du XIXème siècle que celles pour la défense d’une vision nouvelle de l’art. Aussi, l’engagement du peintre au sein de la Commission des arts durant la guerre de 1870 contre la Prusse, puis de la Fédération des artistes lors de la Commune de Paris en 1871, permet de comprendre les principes de liberté et de démocratie qu’il revendiquera tout au long de sa vie personnelle et de sa carrière artistique.
De la chute du Second Empire après la défaite de la France à Sedan le 2 septembre 1870, à la condamnation de Courbet le 2 septembre 1871, l’exposition retrace les actions et revendications du peintre, et des hommes engagés à ses côtés, pour transformer la société et le monde de l’art selon des idéaux nouveaux.
L’implication de ces artistes dans la Commune de Paris n’a pas seulement affecté de manière tragique leur existence mais elle a également durablement marqué l’image que la société garde des évènements, ainsi que l’imaginaire des représentations qui en découlent.
L’exposition retrace, en quatre parties, l’implication de Gustave Courbet dans les évènements et les institutions de la Commune de Paris :
Aux origines de la Commune 2 septembre 1870 > 18 mars 1871
Suite à la défaite de la France à Sedan le 2 septembre 1870 face à la Prusse, la ville de Paris, symbole de l’affrontement entre les deux puissances, est assiégée par l’armée prussienne. Les habitants s’arment et résistent. Après plusieurs mois de siège, le pouvoir exécutif signe un armistice, refusé par les Parisiens qui décident, suite à une crise violente, de s’organiser en République indépendante, également appelée Commune libre de Paris. De nombreux artistes, déjà parties prenantes dans le conflit franco-prussien à travers la Commission des arts, s’engagent dans cette voie nouvelle.
La Commune 18 mars > 28 mai 1871
Les hommes de la Commune organisent très rapidement des élections afin d’établir leur légitimité politique et mettent en place une administration nouvelle pour la gestion du quotidien. A l’instar de Gustave Courbet, inspiré par les idées de Fourier et Proudhon et celles de la révolution de 1848, les artistes rêvent à une nouvelle organisation du monde de l’art. Courbet les appelle le 6 avril 1871 à se réunir afin de créer une Fédération des artistes, dont le rôle est de réformer les arts en France.
Bien que les membres de la Fédération mettent un point d’honneur à protéger musées et monuments, les Communards, dans le but de se défendre contre l’armée régulière, construisent des barricades et s’attaquent aux symboles du pouvoir menant notamment à la destruction de l’Hôtel particulier de Thiers et la Colonne Vendôme.
La Semaine sanglante 21 > 28 mai 1871
Le 21 mai 1871, le pouvoir exécutif entreprend de reconquérir la ville de Paris en attaquant les positions communardes par surprise. Les affrontements sont terribles, les exécutions sommaires. Cette Semaine sanglante signe la fin de l’expérience de la Commune, dont les pertes humaines sont élevées. Comme beaucoup, les artistes fuient à l’étranger alors que d’autres sont emprisonnés, condamnés à l’exil ou à s’acquitter de très lourdes amendes.
La Commune est vaincue mais son esprit demeure 1871 > nos jours
Gustave Courbet n’échappe pas à ce terrible destin. Face à l’impossibilité de payer, il décide alors de partir en Suisse où son sort rejoint celui des exilés. Il y travaille jusqu’à sa mort, en 1877, espérant en vain un retour chez lui tout en appréciant l’accueil réservé par ses hôtes suisses. Les hommages à la Commune se multiplient, ainsi que les appels d’artistes à l’amnistie. Bien que le ni gouvernement français ni le public ne souhaitent se replonger dans le trouble de cette période, les artistes s’emparent du thème qui devient vite un sujet de prédilection pour les peintres anarchistes.
Le peintre Maximilien Luce a donc la part belle dans cette dernière partie, accompagné de portraits, caricaturés ou sculptés, retraçant les grands noms des membres de la Commune comme une manière de commémorer cette expérience inédite et spontanée de l’Histoire de France.