L’assemblée générale de l’Institut Courbet (association des amis de Gustave Courbet et du musée dont les statuts sont déposés de longue date à la préfecture du Doubs) se déroulera samedi 27 juin 2015 à Flagey . Nous nous réjouissons de vous y retrouver nombreux et de partager avec vous le succès des activités et l ‘enthousiasme des projets.

L’an passé vous avez reçu le Bulletin spécial sur l’Origine du Monde et nous avons eu le plaisir d’en publier sur ce blog quelques pages en feuilleton.

Nous proposons de clore le feuilleton par des extraits d’un article dont le sujet soulève généralement de vibrantes discussions qui se poursuivront probablement quand nous nous retrouverons le 27 juin prochain .

Qui est le modèle de l Origine du monde?.

La représentation crue du sexe féminin a toujours suscité autant de curiosité que de sidération. Philippe Sollers s’est exprimé sur ce sujet en ces termes « c’est un fait d’expérience analytique qu’à la place en question fonctionne automatiquement un blanc ou un fétiche, c’est à dire un effet d’aveuglement ou de remplacement »

C’est probablement ce mécanisme qui sous -tend chez celui qui regarde l impérieuse nécessité d’ajouter un supplément permettant de le banaliser, de le rattacher à une personne qui aurait pu poser comme modèle(…)

On a souvent évoqué le nom de Joanna Hiffernan ,splendide irlandaise, maîtresse du peintre James Whistler. Courbet et Whistler ont été amis , on se plaît à colporter qu’ils ont aussi partagé la femme. Peu importe, Joanna a bien été un modèle pour Courbet et a souvent prêté son visage seul ou son corps entier parfaitement reconnaissables l’un comme l’autre pour les tableaux les plus somptueusement sensuels de Courbet (…)

Mais Joanna est rousse et le sexe peint a une toison brune… Cela n’a jamais permis d’exclure cette hypothèse : bien au contraire , l hypothèse Jo Hiffernan a les faveurs de bien des commentateurs qui peuvent alors se livrer à des allusions flatteuses issues de leurs expériences amoureuses de rousses qui n’étaient pas de vraies rousses.(…)

D’autres femmes auraient pu se prêter à la pose si on maintient l hypothèse que le tableau aurait été peint à la demande du diplomate Khalil Bey (…)

Le nom de sa maitresse française Jeanne de Tourbey est cité quelquefois . Cette femme admirée par Gustave Flaubert, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, devenue plus tard comtesse de Luynes était une femme entretenue. (…)

Un autre nom est parfois avancé celui de Julie de Neverly , autre maîtresse du diplomate ottoman .(…) Alors enceinte de Khalil Bey elle accouche d’une petite fille prénommée Suzanne le 24 décembre 1867(…)

Parmi les hypothèses il faut évoquer celle qui est souvent évoquée du fait de la similitude de la position avec celle demandée par des photographes pornographiques qui commencent à disposer d’une belle clientèle à la fin du 19eme siècle.

Par égard pour ces femmes exploitées on peut faire ici mémoire(…) d’un modèle qui

avait pour nom Augustine Legaton (…)

Cet article ne peut se terminer sans remettre le travail de création des peintres au centre du mystère de ce tableau ni signé ni daté dont la crudité nous interpelle encore de nos jours. Ne pas le faire serait oublier qu’en 1866 c’est Vitorine Meurent qui posait insolemment nue pour Olympia (…). Elle ne pouvait qu inspirer ces amoureux des femmes, affranchis des académismes qu ‘étaient Manet et Courbet .

Aucune de ces hypothèses n’est irréfutable toutes sont plausibles . Il reste qu’une telle curiosité est réductrice car elle ne prend pas en compte ce qui porte un artiste être le démiurge de son œuvre . Il est imaginable que l’Origine du monde n’a jamais eu de modèle identifié:c’est de mémoire intime que le Maître a peint avec délicatesse le désir qu il avait d un sexe féminin.